Droit Les malentendus et les conflits sont inévitables La gestion et l’intégration d’expériences et de points de vue différents font partie de tout processus collaboratif. Cette diversité peut donner lieu à des malentendus, des confusions, des oppositions et des conflits. Il est primordial de leur faire face et de ne pas les ignorer. Après tout, l’innovation implique aussi des changements et il convient de surmonter de manière constructive les peurs et les élans conservateurs qu’ils suscitent. Rejet, opposition et confusion sont des réactions tout à fait normales chez les participants et participantes avant qu’ils s’ouvrent à la nouveauté. L’écoute, une capacité sous-estimée Dans son ouvrage Théorie U, Otto Scharmer décrit l’écoute comme la compétence fondamentale la plus souvent sous-estimée dans les travaux de direction et de change- ment. Il distingue plusieurs niveaux d’écoute. Pendant le « téléchargement », ce que nous attendions se confirme. Au niveau « factuel », nous découvrons des informations inattendues et nouvelles. L’écoute « empathique » éveille nos émotions et nous commençons à découvrir et à comprendre les opinions des autres. Le niveau « génératif », consistant à faire surgir des idées d’une pensée collective, est particulièrement ardu. L’écoute générative nécessite sérénité et calme. Pour accompagner des réseaux d’innovation, il faut donc créer un cadre favorisant l’émer- gence de divers points de vue et la cocréation. Informations complémentaires : Scharmer, Otto, Théorie U, l’essentiel, 2018 Méthode conseillée : dialogue Cours AGRIDEA : « Wege zur Innovation » (en allemand), 28-30 avril 2021, Zäziwil BE Dédommagement pour remise tardive En 2005, A (fermière) et B (bailleresse) ont conclu un contrat de bail à ferme portant sur une entreprise agricole. Le document contenait une clause d’arbitrage en cas de « litiges découlant du présent contrat de bail à ferme ». Le contrat d’affermage a pris fin le 31 décembre 2015. Cependant, A n’a pas remis l’objet affermé et l’a exploité jusqu’en juillet 2016. B a alors réclamé devant l’autorité de conci- liation en matière de baux à loyer et à ferme un dédommagement pour l’utilisation de l’objet au-delà de l’échéance du contrat. Dans sa décision, l’autorité de conciliation, agissant en qualité de tribunal arbitral, s’est déclarée compétente. Elle a condamné A à verser à B un dédommagement pour l’exploitation prolongée de l’objet. A a alors directement déposé un recours devant le Tribunal fédéral, qui est en principe la seule autorité recevant les recours visant les décisions des tribunaux arbitraux. Le Tribunal fédéral n’a pas remis en question la compétence de l’autorité de conciliation. Les motifs de recours contre des décisions arbitrales sont très limités. En principe, on peut uniquement arguer que la sentence arbitrale est arbitraire, soit parce qu’elle repose sur des constatations manifestement contraires aux faits, soit parce qu’elle constitue une violation manifeste du droit ou de l’équité. Le Tribunal fédéral a estimé qu’aucun des deux cas de figure ne s’appli- quait ici. Il a rejeté le recours de A en indiquant notamment qu’un fermier doit verser un dédommagement s’il continue d’exploiter un ancien objet d’affermage qu’il a rendu après échéance (arrêt 4A_209/2020 du 19.08.2020, en allemand). Andreas Wasserfallen, agronome et avocat, Berne andreas.wasserfallen@lgplaw.ch 7