r e g r t n a E Élevage de cerfs dans l’Altaï sibérien En tant que secrétaire de l’Association suisse des éleveurs de cervidés (ASEC), Sabina Graf, une collaboratrice d’AGRI- DEA, a participé à la réunion automnale de la fédération européenne des associations d’éleveurs de cervidés (FEDFA) ainsi qu’au 7e congrès international sur les cervidés. Elle est rentrée impressionnée, les valises pleines de nouvelles connaissances. Sabina Graf, AGRIDEA « À la mi-août, je me suis rendue en Sibérie avec Sara Murer, responsable de la section cervidés du Service consultatif et sanitaire pour petits ruminants (SSPR) et Christoph Luder, membre du comité direc- teur de l’ASEC. Après une escale à Moscou, nous avons pris un vol à destination de Gorno-Altaïsk, la capitale de la république d’Altaï. Une fois achevée la visite du récent musée national de Gorno, nous avons voyagé plusieurs heures en bus pour atteindre la ferme de cerfs Maral Farm Aihal. Là, lors d’une visite guidée de l’exploitation de plus de 4 000 hec- tares, nous avons reçu des informations sur l’élevage et l’utilisation des cerfs marals. Production lucrative de bois de velours Le maral est un cerf élaphe de Sibérie de poids et de taille similaires au wapiti, son cousin nord-américain. Les clôtures, les points de passage et les systèmes de capture sont imposants, construits à l’échelle de ces animaux. Dans les vastes prairies, des cavaliers contrôlent et guident les cervidés. Des systèmes construits en dur, munis d’un fond escamotable et dans lesquels les animaux sont immobilisés, sont utilisés pour les procédures médicales comme les vaccinations, les traitements antiparasitaires ou la coupe des bois. Dans nos contrées, rares sont ceux qui savent que les cerfs de l’Altaï sont sur tout élevés pour leurs bois et le velours qui les recouvre. Plusieurs fois par an, on coupe les bois des mâles tandis qu’ils croissent encore et que leur peau de velours est vas- cularisée. En Russie, cette intervention se fait sans anesthésie. D’où le fond escamotable des systèmes d’immobilisation. Les participants en provenance d’Australie, de Nouvelle-Zélande et d’Amérique du 8 Nord ont déclaré recourir à une anesthésie locale dans leurs pays respectifs. Rien d’étonnant donc à ce que les marals soient si craintifs. Les femelles ont vocation à renouveler le troupeau. Les mâles sont ainsi claire- ment plus intéressants d’un point de vue économique. Contrairement à l’Europe, la production de viande oc- cupe le deuxième rang dans les régions mentionnées. La vente de bois de velours, velvet antler en anglais, est très lucrative. Un kilo de bois séchés rapporte environ 100 dollars américains. Dans l’Union européenne, la production de bois de velours n’est pas autorisée et elle est explicitement interdite en Suisse. Marché gigantesque en Asie Le marché est dominé par quelques commerçants chinois et coréens et la demande est en augmentation. Dans la médecine asiatique, les bois de velours constituent un ingrédient traditionnel utilisé depuis longtemps. Ils aideraient à lutter contre toutes sortes de troubles tels que l’hypertension, l’arthrite ou d’autres maladies inflammatoires. En outre, la poudre de bois séchés améliorerait l’endurance, augmenterait le nombre de globules rouges, stabiliserait le mental et soignerait la dépression. On utilise aussi le sang séché de maral. Le marché russe pour ce produit auquel on prête des vertus curatives est encore en développement. La Kaimskoye Farm, une exploitation que nous avons visitée, est pionnière en la matière. Elle a récemment ouvert un centre de bien-être offrant des cures thermales, des bains de vapeur similaires à des saunas, des massages et des cures de boissons contenant des produits issus de l’élevage de marals. La directrice nous explique que certains clients en provenance d’Europe de l’Ouest se rendent chaque année sept à dix jours dans l’Altaï pour suivre une cure. De jolies maisonnettes les accueillent et les constructions vont bon train. Kaimskoye s’apparente à un petit village qui possède même une belle église orthodoxe surmontée de sa traditionnelle coupole dorée. » Informations : SVA FEDFA